Voilà plusieurs décennies que les géants des nouvelles technologies cherchent insatiablement à donner vie au mythe de l’intelligence artificielle. Si Hal 9000 n’est toujours pas de ce monde et que les limites de Siri sont évidentes, quelques acteurs du secteur continuent néanmoins d’élever le niveau. C’est notamment le cas d’IBM, qui travaille actuellement au développement d’un superordinateur doté de créativité, et qui pourrait entre autres être en mesure de cuisiner comme un chef…
L’intelligence artificielle, un véritable Saint-Graal pour les acteurs du high-tech du tout-venant. Dans cette quête effrénée, c’est maintenant au tour d’IBM d’avancer son pion sur l’échiquier. Une fois n’est pas coutume, la firme espère cette fois-ci – comme l’indique le journaliste être en mesure de développer un ordinateur doué de créativité, notamment dans le domaine de la cuisine. Cuisiner, une tâche beaucoup plus complexe que l’on ne l’imagine
Saviez-vous que la cuisine était une activité beaucoup plus difficile qu’une partie d’échecs ? D’après les statistiques, il faut dire qu’un chef aurait pour réaliser une recette le choix entre des milliards de combinaisons différentes. Par ailleurs, son but serait pour le moins indéterminé : faire en sorte que ça soit bon.
Un peu plus de vingt ans après que l’ordinateur Deep Blue soit parvenu à dominer le célèbre joueur Garry Gasparov aux échecs et deux ans après que Watson a remporté l’émission télévisée Jeopardy, IBM Research s’attache désormais à façonner un cyberchef. Objectif de cette nouvelle intelligence artificielle : réussir à penser à des plats à même de titiller nos papilles, et ce en s’appuyant théoriquement sur les saveurs qu’elle affectionne.
Comme le détaille Lav Varshney, qui mène l’équipe d’IBM Research, la mission que s’est fixée la firme est beaucoup plus délicate que de faire jouer un ordinateur aux échecs. Pour que l’ordinateur devienne un chef digne de ce nom, il faudra donc qu’il soit en mesure de sélectionner ses propres ingrédients, cette fois-ci non pas pour atteindre un but simple – vaincre l’adversaire – mais pour parvenir à un cocktail enchevêtré et subjectif de saveurs, de texture et de présentation.
Générer la créativité
Dans l’optique de façonner une véritable recette – de la liste des ingrédients au dressage final sans oublier la préparation –, la machine d’IBM devra être en mesure de digérer les informations de trois domaines particuliers :
– une base données regroupant des dizaines de milliers de recettes – socle permettant à l’ordinateur de comprendre ce qui fait qu’un gratin dauphinois est un gratin dauphinois,
– des éléments théoriques de psychophysique lui offrant la possibilité de déterminer si nous apprécions tel ou tel mélange de goûts en fonction de leurs molécules,
– la chimio-informatique (ou chémoinformatique), autrement dit un outil permettant de faire le lien entre les deux bases de données ci-dessus. Cette dernière est donc un outil capable de faire la synthèse entre les mélanges de saveurs et les aliments correspondants.
En définitive, c’est en analysant ces trois espaces que l’ordinateur d’IBM conçoit numériquement des plats, qu’il range ensuite dans la catégorie des plats dits goûteux ou innovants.
Objectif : innover pour mieux lutter contre l’obésité
L’objectif des scientifiques et chercheurs en nouvelles technologies d’IBM Research, outre le fait de réaliser une prouesse en matière d’intelligence artificielle, est d’innover en changeant les idées reçues sur la nourriture. Ainsi, plutôt que de renforcer un peu plus la domination des technologies sur l’homme, IBM souhaite concrétiser un outil pour l’aider.
Or, en imaginant des plats goûteux et bons pour la santé, le super ordinateur d’IBM pourrait bien réduire l’obésité toujours plus présente aux États-Unis et dans de nombreux pays développés ou en voie de développement.